au bout du rouleau [Jake]

J’avais marché rapidement en quittant le centre commercial, c’est pas que marcher avec un enfant mort dans les bras enveloppé dans un pull s’était désagréable, mais presque. J’étais allé directement à la morgue ou j’avais constaté le décès avec le médecin légiste. L’enfant été mort né. Point. J’étais ensuite remonté saluer mes camarades infirmières, puis, je me posais sur un siège, pour réfléchir. Je me posais en boule sur un siège en plastique en serrant mes genoux contre mon torse en sanglotant. Cet accouchement m’avais permis de m’évader un peu, mais ce Jake m’avait donnée envie de le frapper. Il était tellement niais. Il ne savait même pas quoi faire avec sa femme, il ne voulait pas d’enfants, et le pire de tout, c’était un homme. Une raclure d’homme qui pouvait se permettre de faire un enfant à une femme et s’en laver les mains. En plus, m'occuper de cet enfant mort m'avait rapelé les miens. Les trois enfants que je n'avais pas mené à termes et qui étaient morts. Leah avait de la chance d'en avoir un, j'espérais qu'elle allait en prendre soin et que le père allait se montrer à la hauteur et prendre conscience de la chance qu'il avait en prenant sa petite fille dans les bras. Si petite, si fragile.

J’étais resté prostré plusieurs minutes dans cette salle où il n’y avait personne puis entendis les interdictions d’une de mes collègues et relevais la tête. Quelqu’un venait par ici, et à l’odeur, c’était un loup, à y sentir de plus près, c’était Jacob… Que faisait-il ici celui là ? c’était pas le moment de venir me voir, il ferait mieux d’être avec Leah. Il n’entra pas dans la pièce, restant sur le pas de la porte, je ne tournais même pas là tête pour le regarder. Il voulait me parler, pourquoi faire ?

-Non, je suis occupé là.

Vachement occupé, roulé en boule dans mon siège, mais bon, il devait bien comprendre comme ça que je ne voulais pas lui parler, ni à lui, ni à un autre homme. J’étais seule, si je m’étais déplacé, c’était pour Leah, maintenant, j’estimais que j’avais gagné le droit de rester à nouveau seule.

-Dégage !

Il avait besoin de plus de précision sur ce que je voulais ? parce que je me sentais pas d’humeur bavarde et badine.

Au lieu de tourner les talons et de déguerpir comme je le lui avais dit, il se rapprocha de moi, venant carrément se poster devant moi et me fixer jusqu’à attirer mon regard dans le sien. Je le détournais bien vite pour regarder le sol. Il voulait savoir ce qu’il m’avait fait ? Bonne question, lui rien. C’est pas à lui que j’en voulais particulièrement, mais à tous les hommes. Je le regardais un instant en ayant envie de lui sauter dessus puis, ce regard se mua en détresse. Pourquoi fallait-il qu’il rapporte tout à lui ? qu’es ce qu’il pouvait être nombriliste quand même.

-Je te traite comme ça, parce qu’au lieu d’être avec Leah et ton enfant, tu es là, à t’occuper de choses qui ne te regardent pas. Tu devrais avoir honte de toi !

J’éludais ses questions. Je n’avais pas envie d’en parler, et encore moins avec un homme. Au moins, mes autres amis avaient la décence d’attendre que ce soit moi qui décide de m’ouvrir à eux et non pas d’essayer d’ouvrir ma carapace au pied de biche. Ma tête était remplie de tellement de choses à ce moment précis qu’il aurait eu peur si il y entrait comme il le souhaitait. Je grognais doucement avant de dire une dernière fois.

- Dégage !

Je l’écoutais qu’à moitié parler de Leah, enfaite, je n’avais dit ça que pour qu’il s’en aille, pas pour qu’il s’explique sur ce point. Je fixais le sol jusqu’à ce qu’il se mette à genoux devant moi pour être à ma hauteur, je ne le regardais toujours pas, jusqu’à ce qu’il pose sa main sur la mienne. Là, c’était la goute d’eau qui faisait déborder le vase. Je me levais d’un bon en retirant ma main de la sienne. J’avais la peau glacé, du moins, c’est ce qu’il me semblait, j’étais congelé de l’intérieur.

-Ne me touche pas ! c’est quoi le problème avec vous hein ? qu’es ce que vous comprenais pas dans le mot NON ?

Je parlais toujours en général. Pour moi, tous les hommes étaient dans le même panier en ce moment. Je le poussais assez violement avant de lui tabasser le torse de coups de poings avec l’arrête de la main. Ces coups étaient de moins en moins puissants et ne servaient qu’à me défouler. Au bout de quelques secondes, je me mis à pleurer et posais mon front entre mes points contre le torse de Jacob.

-Tu… tu… ne peux… rien faire… pour moi… c’est trop tard !

Tous les deux mots, j’étouffais un sanglot. J’aurais pu frapper Jacob plus fort, mais j’avais mal partout et frapper quelqu’un me faisait encore plus mal que de rester immobile.

Tandis que je pleurais, il passa ses bras dans mon dos, j’eu un geste pour me déplacer, mais je n’avais pas la force enfaite. J’étais bien comme ça. Il avait le corps chaud et ça me faisait du bien. Il caressa mes cheveux, c’était apaisant. Il me demandait si je voulais en parler, je continuais à sangloter avant de murmurer.

-Non.

Je continuais à pleurer, comme si j’étais une fontaine qui était bloqué sur on. Malgré la chaleur qui envahissait mon corps au contact du sien, je grelotais de l’intérieur. Comme si j’étais perdu dans une grotte glaciale. Le fait qu’il me touche les cheveux ainsi me rappelait les gestes de ma mère quant j’étais encore enfant et que j’avais un chagrin. Les pleurs s’arrêtèrent un instant, le temps que je puisse articuler.

-Il m’a violée.

Je n’en dit pas plus avant de me remettre à pleurer bruyamment, comme si le simple fait d’avoir lâché ces quatre mots m’avait replongé dans l’atrocité du moment. D’un coup, je ne sentis plus le sol, mes jambes se dérobèrent sous mes pieds. Je n’avais pas dormi depuis l’agression et j’étais épuisé. Je m’évanouis, mon corps ne me faisant plus souffrir pendant ce laps de temps. Je glissais, échappant aux bras de Jacob pour m’écrouler au sol.

Je n’eu pas le temps d’entendre sa question, ni de lui répondre. Il me rattrapa avant que je touche le sol et m’y allongea. Je n’entendis pas non plus quant il appela un médecin. Il était fou ou quoi ? je n’avas pas envie qu’on m’oscule, dieu sait ce que les médecins trouveraient. Tandis que j’étais occupé à pleurer dans les bras de Jacob, ma plaie à la jambe s’était rouverte et commençait à imbiber le jean noir que je portais. J’ouvrais les yeux tandis qu’une infirmière se rapprochait de moi. Je la connaissais pas, elle ne devait pas être de mon service.

-Non Jacob…

Trop tard l’infirmière était à genoux à côté de moi et me relevais la tête pour me réveiller un peu plus. Je clignais des yeux pour grimacer un instant et porter ma main à ma jambe.

-Zut.

Je regardais l’infirmière puis mon ami et tentais de me relever.

-J’ais été agressé il y a deux jours.

L’infirmière regarda ma jambe et appela un brancard pour surement pouvoir me soigner tranquillement à l’écart des regards indiscrets. Je ne pleurais plus, j’avais seulement envie de partir d’ici.

-On va vous mettre dans un box et un médecin viendra vous recoudre.

Les brancardiers me posèrent sur le char à roulettes et m’emmenèrent dans l’espace confiné des urgences. Jacob allait-il venir ? ne faisant pas partie de ma famille, il serait surement mis à l’écart… Quel besoin il avait eu d’appeler à l’aide ?

Il était fou complet, si on me faisait des analyses, les médecins verraient que je n’étais pas proprement dit « normale ». Je fis les gros yeux quant il me dit de me laisser faire. Tout ceci allait finir très mal, c’était obligé. Je savais pertinemment que si il n’était pas de la famille, on le ferait attendre dehors, je répondais donc à sa place.

-C’est mon cousin…

L’infirmière nous regarda tour à tour, puis hocha la tête, après tout, elle n’y voyait pas d’objections. On m’amena dans un coin entouré de rideau, j’étais encerclés par d’autres malades ou blesses, séparés par des rideaux pour ne pas que nous soyons en contact. On me laissa là en me disant que le médecin viendrait me voir bientôt. L’infirmière, avant de partir me déshabilla, me laissant en sous vêtements, puis me couva d’un drap que je relevais jusqu’à mon menton. Le temps qu’elle me déshabille, Jacob avait pu voir tous mes bleus, plaies bosses, mais le pire, c’était entre les jambes. On voyait bien que j’avais été forcé, c’était griffé et bleui. Je tournais la tête vers le jeune homme une fois couvert. Après tout, je n’avais pas totalement mentie, nous étions des espèces de loups différentes…

-Et si ils découvrent que je ne suis pas normale, on fais quoi ? on s’échappe par la fenêtre ? C’est pas très malin monsieur Black…

Il s’assit sur une chaise tandis que je me pelotonnais sous les couvertures. Quoi ? il voulait parler et me montrer au docteur Cullen ? je travaillais avec lui depuis que j’étais arrivé ici, et j’avais du mal à m’habituer à sa condition. A force d’éviter les vampires, j’avais vraiment du mal à faire confiance à l’un d’entre eux, et malgré son air affable il ne m’inspirait pas confiance du tout.

-Le docteur Cullen, ben voyons… autant appeler la morgue tout de suite, je ne supporte pas son odeur.

Pour le coup, je ne pleurais plus, j’étais assez énervé plus que abattue. Si quelqu’un venait à découvrir ma nature, il faudrait que je m’échappe le plus loin possible, les Volturi me chercheraient à nouveau. Ce n’était pas raisonnable… Il vaudrait mieux que je parte d'ici avant d'avoir des problèmes.

-En plus, qu’es ce que tu veux qu’il fasse ? me recoudre ? il faudra que j’y retourne demain pour les enlever. Ça va se refermer tout seul.

Jacob s’inquiétait pour rien, mon corps se rétablirait tout seul. Et pour mon âme, je n’allais pas prendre des cachets quand même. Je me remettrais, parce que j’étais une battante, il me faudrait juste un petit temps d’adaptation. Je soupirais, je commençais à m'agiter sur le lit d'hopital, je détestais qu'on m'osculte en véritée.

Moui… Carlisle était spécial dans son genre… avec tout ce sang, il ne craquait pas. J’avais quand même du mal à lui faire confiance et avais tendance à le garder à l’œil. De toute manière, comme Jacob l’avait dit nous n’avions pas le choix.

-D’accord, appelle le…

Je posais ma tête sur le coussin. Je n’étais pas contre lui, c’est juste que j’avais du mal avec les vampires, après tout, ils étaient à l’origine de la disparition de mes amis et de certains de mes amours.

-Oh, il la connait oui, et il se montre courtois, jamais une allusion à mon odeur, qui doit être aussi désagréable pour lui que la sienne l’est pour moi. Je te fais… confiance.

Je tournais la tête vers lui pour le regarder dans les yeux. Faire confiance à quelqu’un, ce n’était pas évident pour moi. J’avais toujours l’air ouverte, sympathique et tout devant tout le monde d’habitude, mais ce n’était qu’une façade. Je gardais tout le monde à l’œil. En regardant Jacob comme ça, je su exactement ce qu’il pensait et un fin sourire triste s’étira sur mes lèvres.

-ça sert à rien petit loup… Il était bien plus fort que moi… il ne ferais qu’une bouché de toi et je ne t’enverrais pas à une mort certaine. D’une, je ne pense pas que tu ais une âme de martyre, et de deux, tu as une famille maintenant. Une petite fille qui a besoin de toi pour bien grandir.

Même si il ne voulait pas de cet enfant, il avait un devoir envers elle. Il n’était pas obligé de se comporter en père, mais en grand frère, ça serait déjà bien.

Il allait aller le chercher. Moi, je chiffonnais le drap qui me recouvrait entre mes doigts. Il ne voulait pas d’enfant, ce que je n’arrivais pas à comprendre… il était un peu jeune certes, mais bon, il avait des gens pour l’aider, il n’était pas tout seul. Et un enfant, c’était tellement fragile, il faudrait bien une tête de mule comme lui pour la protéger de tout ce qui pouvait se passer dans une vie.

-Une famille c’est la clef de voute d’une vie. Les enfants, c’est une chance quant on peu en avoir. Les vampires aimeraient en avoir, moi aussi, au moins une chose qu’on a en commun.

Il tapota doucement ma main avant de se lever et de quitter la pièce pour aller chercher le docteur sangsue. Une fois seule, je me levais et renfilais mes vêtements pour quitter la pièce discrètement. Je n’allais pas laisser un vampire me toucher, plutôt mourir. J’avais confiance en Jacob, mais pour le coup, je ne suivrais pas son idée. Je fis le tour, prenant une issue de secours et les escaliers de services. Une fois dehors, je marchais rapidement vers mon appartement. Jacob ne savait pas où je vivais, à moins que Leah le lui ait dit, ce qui m’étonnerait un peu vu qu’il ne s’était pas vraiment occupé de sa grossesse.

-Non mais… me confier, moi, à une vermine de sangsue… et puis quoi encore.