Petite idée[Jake]

La philosophie antique nous apprenait à accepter notre mort. La philosophie moderne, la mort des autres. Pour moi la mort, c'est un peu comme une connerie. Le mort, lui, ne sait pas qu'il est mort. En plus, ce sont les autres qui sont tristes. La mort est douce : elle nous délivre de la pensée de la mort qui nous pourri l’esprit quant on agonise. Depuis deux semaines que j’étais dans le coma j’avais pu penser à plein de choses sur la mort. Quel ramassis de connerie, mais surtout, j’avais pensé à un truc, si j’arrivais à me changer en loup, je pourrais au moins communiquer, mon ventre avait plus ou moins cicatrisé mon bras n’avait plus d’attelle et était parfaitement remise, du moins, c’est ce que Carlisle avait dit.

J’étais donc là à m’acharner à me changer, j’étais toujours dans le salon de Jake, il pouvait quant même regarder la télévision, la première fois il m’avait reproché de prendre trop de place et de bloquer l’accès à la tv… il pouvait être con parfois ce mec. En tout cas, mon esprit était parfaitement lucide en tant que comateux, mais il se pouvait qu’une fois réveiller, si ça arrivais un jour, il soit tout embrumé et qu’il me manque des épisodes, que je ne me souvienne plus de ce qu’il s’était passé durant ces deux semaines. Je me concentrais tellement que j’avais peur de me chier dessus, ça m’arrivais souvent, j’avais un collecteur d’urine et autres déchets, c’était un peu humiliant, mais bon, j’avais pas le choix, je pouvais pas aller jusqu’aux toilettes.

Jake était dans sa chambre, et il descendit se plantant devant la tv. J’allais l’insulter intérieurement, mais il mit un truc comique et se mit à rire. Il me parlait comme si j’allais lui répondre, pourtant, il avait une voix sceptique, il n’était visiblement pas certain que je puisse l’entendre.

Oui, ça me plais vraiment, c’est le pied, et puis, être allongé comme ça c’est un vrai bonheur. En plus la bouffe est délicieuse. Je dois avoir perdu 3kg à force de liquide.

Je me concentrais au maximum jusqu’à sentir quelques poils se hérisser sur ma nuque et sur tout le corps. Au bout de quelques secondes, je me retrouvais en loup, je ne pus m’empêcher de crier intérieurement.

-Oui !

Pourtant, instantanément, je me souvins plus de pourquoi j’étais content, le trou dans mon ventre me fi mal et mes pattes débordaient du lit… il faisait un bon bruit de grincement pendant quelques secondes puis se fut le silence, à part dans ma tête. Je me mis à converser avec quelqu’un, je mis un léger temps à comprendre qui c’était. Jared…

-Paul ? C’est toi ? non d’un chien, oh putain, mon vieux ! t’es réveillé !!

J’essayais de bouger… non, j’étais pas réveillé impossible de trainer ma carcasse, j’étais toujours dans le coma, mais sous forme de loup… Super… au moins je pouvais communiquer.

-Euh… non, pas réveillé, mais je sais pas, je pense que je suis transformé…
-Incroyable, nous qui avions peur que ton cerveau soit claqué, enfaite tu cogite dans ton comas…
-On peu dire ça oué.

Je ne sentis pas la main que Jake porta à mon pelage je sentis seulement une intrusion inconnue dans mon cerveau. Je continuais ma discussion avec Jared, mon esprit se raidit en entendant la voix de l’autre. Une voix que je ne reconnaissais pas. Il semblait me connaître. Paul c’était moi, du moins, c’est comme ça qu’on m’appelait, mais lui c’était qui.

-S'cuse moi, t'es qui toi ?

Je ne bougeais pas d’un pouce débordant de partout sur ce lit trop étroit pour un grand loup comme moi, enfin, grand, moins que Jake. Je ne le reconnaissais pas. Si il était comme Jared, Sam, Leah, Quil, Embry, et Seth, il pouvait lire dans ma tête. Faisait-il partie de la meute ? un nouveau ? pourquoi me connaissait-il ?

-Hé Paul à quoi tu joue ?
-C’est qui le nouveau ? ça voix ne me dit rien… Il habite à la Push ?
-C’est Jake, enfin, tu le connais !
-Non
-Mais si même très bien enfin arrête tes conneries c’est pas drôle.
-Tu crois que ça me fais marrer Jared ?
-Jacob Black… le frère de Rachel.
-Rachel à un frère ?

Je sentais que Jared était stressé. Mais je comprenais pas pourquoi, je connaissais pas ce type, je voyais pas ce qu’il y avait d’inquiétant là dedans.

Jake pouvait toujours fouiller dans ma tête, il avait apparemment été rayé de ma liste d’amis. Rayé de ma vie tout court. Je ne le connaissais pas, sa tête et sa voix m’était inconnu ; j’étais encore entrain de me demander pourquoi Rachel ne m’avait jamais parlé de son frère. Curieux quant même, je passais beaucoup de temps chez les Black et je me rendais compte que je savais même pas que Billy avait un fils. Quant cette voix inconnue, qui appartenait apparemment à un dénommé Jake.

-Mais de quoi je devrais me souvenir ?

Comme souvent, je m’étais battu avec un vampire… quand ? Aucune idée, ça avait dégénéré et j’étais tombé dans le coma. Du moins, c’est ce dont je me souvenais… L’image que je m’en étais fait, le plus probable en fait par ce que je me souvenais pas grand-chose. Pourquoi j’étais là… Le prénommé Jacob s’en voulait, se reprochant le fait que je sois dans le coma… Pourquoi un homme que je ne connaissais pas s’en voulait. Il semblait me connaître, j’étais intrigué.

-C’est Rachel qui t’a parlé de moi ?

Je ne captais plus Jared, il m’avait laissé seul avec cet inconnu. Il devait être allé prévenir Sam et le reste de la meute, ça me perturbait un peu de sentir que cet inconnu lisait en moi comme les autres.

Il était vexé que je me souvienne pas de lui et ça me mettais un peu mal à l’aise, chose qui ne se voyait pas étant donnée que le loup gris que j’étais était toujours dans le coma. Quelques uns se ses souvenirs vinrent s’immiscer dans ma tête. Il y avait moi, et une personne inconnue près de moi que je devinais être lui. Je me souvenais de tout ça, mais pas de lui… ça devait être quelqu’un d’autre dans mes souvenirs. Tout ça était flou. J’avais connu Rachel après Jake… a bon… première nouvelle.

-Ah bon… pourquoi je me souviens pas de toi ?

Franchement, je savais vraiment pas pourquoi je ne me souvenais pas de lui. Nous avions l’air de pas mal nous engueuler quant même… On c’était même plusieurs fois battu. Il s’en voulait pour quelque chose, mais de quoi, je pouvais pas bouger, qu’es ce qui m’arrivait au fait ? J’avais mal au ventre et je ne bougeais pas, je ne voyais rien en plus.

-Quesque j’ai ? je suis aveugle, je bouge pas, je te connais pas et tu t’en veux. Je comprends pas.

J’avais envie de comprendre, pourquoi Jared ne m’avais rien dit ? J’espérais que Sam ne tarderais pas. Où j’étais en plus ?

Un blocage de lui… c’était absurde, pourquoi je bloquerais quelqu’un de ma mémoire, surtout si ce quelqu’un était un ami visiblement. Il me considérait comme un frère, mais il admettait qu’il m’avait fait du mal. Vraiment curieux. Je me souvenais de rien, c’était idiot comme situation. Une bataille qui avait mal tourné, oui, c’était ce que je me souvenais. Un truc dans le ventre, ça expliquait pourquoi j’avais mal. Je me creusais la cervelle cherchant à me souvenir de lui. Au bout de quelques instants de méditation intense un flache me revint. Un loup roux envoyait gicler contre un arbre et je voyais le tronc me perforer le ventre. Un loup roux. C’était lui ? c’est ça qu’il avait voulu dire par le fait qu’il soit fautif ? c’est lui qui m’avait fait ça ?

-C’est ta faute si je suis dans le coma ?

Je réfléchissais vu que je n’avais que ça à faire, ne pouvant toujours pas bouger. D’un coup, je revis tout, les événements qu’il me montrait, mais aussi ceux dont je me souvenais par moi-même. Il avait fait du mal à Leah, il avait frappé Rachel, il m’avait presque tué et j’étais dans un lit d’hôpital chez lui. J’avais envie de lui sauter dessus d’un coup.

-Ho ! espèce de petite crapule, tu dois être bien content que je sois là, au moins je ne traine pas près de Rachel, depuis le temps que tu attendait ça. Pourquoi tu n’as pas marché sur mon respirateur pour finir le travail ?

J’avais pris une grosse voix pleine d’agressivité et de rancœur. Il ne manquait pas d’air ce gars. Quel toupet non mais.

Oh oui, de la morphine, j’allais être complètement drogué à force d’en prendre. Je me souvenais petit à petit des événements, alors désolé si je me souvenais en premier des mauvaises choses. Pour les souvenirs heureux, je voyais le moment où il m’avait sauvé chez moi, mais toujours me revenais le moment où il m’avait dit qu’il regrettait de m’avoir sauvé et que la prochaine fois il ne le ferait pas. J’avais de quoi être perplexe. Pour l’instant, je savais pas si je lui pardonnerais, franchement, comment pouvait-on faire ça à quelqu’un que l’on considérait comme son frère ?

-Regarde ce que tu es capable de faire en colère, je crois me souvenir que tu m’as dit que tu ne me sauverais pas la prochaine fois.

Il se fichait que je sois près de Rachel, il disait ça maintenant que j’étais dans le coma, c’était facile, il se doutait bien que dans cet état là, je risquais pas de lui tourner autour. Il avait compris qu’il était plus dangereux que moi… sans blague. Sérieusement j’avais mal au ventre, il était temps qu’il me donne ma dose, j’allais finir pas penser des choses que je regretterais après une fois réveillé.

-Ça me fait déjà un peu peur que tu sois capable de faire ce que tu m’as fait, alors à quelqu’un que tu considère comme ton frère. Y’a de quoi se poser des questions sur ta conception de la famille.

Je me mis à me concentrer sur ma douleur, histoire de lui faire comprendre que j’avais mal et que je voulais une dose de morphine. Il devait sentir une brulure constante dans le ventre, un peu comme si on lui avait arraché les organes, j’arrêtais d’y penser, je voulais pas le faire souffrir non plus, je n’étais pas sadique et je ne lui en voulais pas assez pour lui faire la même chose qu’il m’avait fait.

-Jake, j’ai mal, fais quelque chose au lieu de parler.

Je ne voulais pas dire qu’il parlait trop, mais qu’il s’excusait trop, c’était une marque de faiblesse, et il n’avait rien d’un faible loup. Si il voulait me prouver quoi que ce soit, il n’avait qu’à le montrer par les actes, c’était trop facile de s’excuser après.

Nous éprouvions l’un pour l’autre par moment une certaine haine qui savait se muer en franche camaraderie quant il le fallait. Quoiqu’il en pense, je n’aurais certainement jamais dit même à une personne que je pouvais pas sentir que la prochaine fois je ne le sauverais pas d’une mort certaine, à part à un vampire ça va de soit, mais eux, ils n’entrent pas en ligne de compte.

-J’crois pas non

Le fait d’être le fils d’un tel où d’un autre ne faisait pas tout. Il me disait qu’il ferait tout pour ne plus faire de mal autour de lui, je le pensais sincère en même temps je ne pouvais me fier qu’au son de sa voix.

-Je te crois patate, et je serais toujours là pour le vérifier.

Je rigolais un peu intérieurement, même si ça avait plus l’air d’une plainte mêlé à une quinte de toux. Il couina, il avait surement ressentit un peu de la douleur que j’avais ressentis sur le coup. J’attendis donc qu’il me donne une dose, comme il avait dit qu’il le ferait. Je ne tardais pas à sentir ses effets. Je me sentais un peu grogui, mon esprit s’embrumais, mais c’était plutôt agréable.

-Une Margarita avec une paille et un petit parasol vert.

Je rigolais bien sur… a moins qu’il me l’injecte directement dans le sang… Pour qu’il s’occupe de moi, encore faudrait-il qu’il y ait quelque chose à faire a part changer les poches et appuyer sur le bouton de la morphine.

Oui on pouvait dire des paroles qu’on regrettait une fois calmé, mais en rapport avec la mort, c’était un peu plus grave quant même. Enfin, a ma phrase, il sourit, j’avais dit que je serais là pour le vérifier, c’était une façon de parler et j’avais dit ça comme ça, mais en même temps je n’avais pas particulièrement envie de clapser.

-Figure toi que moi non plus j’ai pas envie de partir.

Ah oui, ça je me sentais mieux. Comme si j’avais le cerveau ralentit un peu, il était complètement endormis, ce qui allait rendre la conversation palpitante, c’est un peu comme si il discutait avec un mec bourré.

-Fichu lit… en ai marre de pas bouger.

Je me serais bien retourné, mais je ne pouvais pas bouger ne serais-ce qu’une moustache. Au fait, qui me faisait ma toilette et me rasait ? par ce que si je ressemblais à un homme de Cro-Magnon, je préférais ne pas me réveiller. Non, je blaguais bien sur.

-Je te prend au mot Jacobinou, dès que je zort, ze veux une bonne rasade de gnole.

Il avait eu peur que mon cerveau soit mort ? quelle drôle d’idée, mon corps était déjà mort, pourquoi mon cerveau aussi ?

-Au fait… ça fait combien de temps que je zuis couché ?

Je l’avais cherché moi. L’ange personnifié ? impensable, c’était vraiment pas mon style. xD Il parlait de gambader, ça devait être le pied, surtout que moi je sentais même pas les miens de pieds, alors bon. Il voulait me tourner… pourquoi pas, mais avec ses grosses pattes de loups, il comptait faire quoi ?

-Tu te prends pour une infirmière coquine ? Tu vas enfiler ta blouse blancheuh ???

Je fus un peu attristé que Rachel ne soit pas encore venue me voir, mais bon, il valait peut être mieux qu’elle n’en sache rien… et ma sœur Bliss, elle était toujours pas rentrée de son voyage ? elle avait pas appelé ? j’avais pas de portable, mais pour elle ça devait pas être trop dur de passer un coup de fil quand même. Je l’imaginais en tenue d’infirmière… C’était assez comique, je rigolais intérieurement pauvre Jacob.

-Hihihi, t’es mignonne en infirmière !

Quant il répondit à ma question, mes pensés restèrent immobile un instant. J’étais dans un lit depuis deux semaines ? deux longues semaines et je me rappelais de rien… finalement je m’inquiétais un peu pour moi.

-Z’est long… t’y est pas allé avec le dos la cuillère… en générale on dit qu’une fracture ça dessoule, mais chui pas sur de gambader un jour, ça se trouve je vais pas me réveiller Jake…

Pour quelqu’un qui avait le cerveau au ralentit, je parlais de choses graves. Je me sentais partir, mais pas dans le sens mourir, je me sentais mollir, j’allais pas tarder à reprendre forme humaine. Rester même si peu de temps en loup m’avais vidé du peu de force que j’avais accumulé en deux semaines.

Ah bah ça, il était plus fort que moi au moins pour ça, par ce que j’étais pas du genre à me laisser faire et si il me menaçait à nouveau, même pour rigoler, je lui métrais un petit coup de dents pour lui faire passer l’envie de recommencer, non mais…

-Trop de morphine ben tien, moi ze me sens bien, au moins z’ai pas mal.

La morphine faisait un super effet, j’avais moins mal et ça me permettais de penser à autre chose, même si mes idées n’étaient plus très claires. Il pensa à Rachel et je me mis à y penser aussi. Il voulait me jeter dans ses bras dès mon réveil, je n’aurais surement pas besoin de lui pour faire ça, à moins qu’elle m’ait remplacé par un garçon moins comateux. D’après Jake, ma sœur devait avoir des choses plus importantes à faire que venir voir son frère à l’agonie… ben tien, à mon avis, il se trompait. Je continuais à l’imaginer en infirmière, c’était tellement drôle.

-Mais heu ! ze dort depuis 2 zemaines… et pis, zi tu m’azome, ça va rien changer, ze suis dans le coma patate ! hahahaha

J’étais déjà largement assez assommé. Je ne rigolais que dans mon esprit, mon corps, lui ne bougeait pas d’un pouce. Ah oui, je devrais pas me fatiguer, mais il fallait bien que je donne des nouvelles de temps en temps… j’avais l’impression d’être partie en vacances et d’envoyer une carte postale.

-On verra ça, en attendant, ze pense que je vais pas tarder à redevenir homme, ze suis fatigué.

Non, j’étais pas susceptible, c’est juste que j’avais pris conscience qu’il était plus fort que moi, mais que je devais surement être plus malin et plus expérimenté dans le fait de survivre. Je pouvais être hargneux et je n’hésiterais pas à défendre ma peau la prochaine fois. Il voulait que je me passe de la morphine, si j’avais pu bouger, je lui aurais fais part de mon opinion à ce sujet.

-Et microbe… z’ai un trou dans le ventre… la morphine, c’est ce qui m’aide à tenir… sans morphine ze crève… ze te donne un aperçu si tu veux.

J’avais l’air d’être bourré, mais c’était juste que mon esprit était embrumé et un peu ralentit.

-Ze me drogue pas mon gars, ze survie.

Ah oui, pas bête… si quelqu’un entrait, il serait surpris dommage pour Sam, il avait été trop lent… il me parlerait la prochaine fois… enfin, si il y en avait une…

-ça dépend qui c’est… hahaha, bon ben a+ mon gars, dit à Rachel que…

J’eus pas le temps de finir ma phrase que la pression retomba et je me figeais à nouveau dans ma position préféré en ce moment, allongé sur le dos, les draps étaient tombé au sol et ma chemise de nuit médicale était toute déchiré. Je pourrais me réjouir de faire chier Jake encore un peu, mais j’étais trop épuisé pour ça. Mon esprit s’embruma pour laisser un calme parfais dans la pièce, même ma voix intérieure ne venait pas déranger les bips des battements de mon cœur sur le minuteur.